Attention à l’ostéoporose induite par les corticoïdes

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Rédigé par Estelle B. et publié le 12 février 2019

Parmi les nombreux effets indésirables des corticoïdes, figure l’ostéoporose cortico-induite, qui est parfois définitive. En pratique, ce risque est souvent peu pris en compte au moment de la prescription médicale, alors même qu’il expose les patients à un risque majeur de fracture. Les recommandations internationales insistent pourtant sur la nécessité d’anticiper le risque d’ostéoporose associée aux corticoïdes.

os de la hanche. osteoporose-corticoides

Corticoïdes et ostéoporose

Parler d’ostéoporose ramène le plus souvent au manque de calcium, à la ménopause ou au vieillissement. Mais cette pathologie osseuse peut avoir d’autres origines, notamment médicamenteuses.

Les corticoïdes, encore appelés les anti-inflammatoires stéroïdiens, analogues de la cortisone naturellement produite par l’organisme, présentent de nombreux effets indésirables, en particulier en cas de traitement prolongé et/ou à dose élevée. Ces effets secondaires sont principalement les suivants :

  • Une rétention hydrosodée (d’eau et de sel) ;
  • Une hypertension artérielle ;
  • Une baisse du taux sanguin de potassium (hypokaliémie) ;
  • Un gonflement du visage et du buste ;
  • L’apparition de poils, de tâches cutanées violacées ou d’une forme d’acné ;
  • Des troubles du sommeil et de l’humeur ;
  • Une atteinte musculaire ;
  • Une ostéoporose;
  • Des troubles hormonaux et métaboliques ;
  • Des troubles digestifs ;
  • Une atteinte visuelle.

L’ostéoporose cortico-induite, c’est-à-dire consécutive à un traitement par des corticoïdes, peut être définitive.

Un risque de fracture important

Comment le risque d’ostéoporose est-il pris en compte au moment de la prescription d’un traitement par corticoïdes ? En pratique, peu de patients bénéficient d’une évaluation du risque osseux, avant de recevoir le traitement médicamenteux. Pourtant, les études scientifiques ont largement démontré l’importance d’un bilan osseux avant l’instauration des corticoïdes.

Comment les corticoïdes agissent-ils sur les os ? Ces médicaments, analogues de la cortisone naturellement produite par l’organisme, diminuent l’activité des ostéoblastes et des ostéocytes (les deux types de cellules impliquées dans la formation de tissu osseux) et accélèrent la mort des ostéoblastes. Dès le premier trimestre de corticothérapie orale, le risque de fracture ostéoporotique est significativement augmenté, alors que dans le cas de l’ostéoporose post-ménopausique, ce risque n’augmente qu’après plusieurs années, voire plusieurs décennies.

Ces données révèlent l’importance de prendre en charge l’ostéoporose cortico-induite, dès la prescription des corticoïdes.

D’un effet indésirable à l’autre

D’après les recommandations de l’International0Osteoporosis Foundation, un traitement contre l’ostéoporose est préconisé pour les catégories de patients suivants :

  • Les personnes âgées de plus de 70 ans ;
  • Un traitement corticoïde de plus de 7,5 mg de prednisolone (ou équivalent) par jour ;
  • Les personnes ayant des antécédents de fractures ostéoporotiques.

Pour les autres patients, un bilan osseux est recommandé avant l’instauration du traitement, puis une surveillance médicale rapprochée tout au long du traitement est conseillée.

Pour l’American College of Rhumatology, les patients à risque d’ostéoporose cortico-induite sont toutes les personnes qui prennent plus de 2,5 mg de prednisone (ou équivalent) par jour pendant au moins 3 mois. L’instauration d’un tel traitement devrait être soumise à la réalisation d’un bilan osseux préalable.

En cas d’ostéoporose cortico-induite, les traitements de première intention sont les bisphosphonates et le tériparatide chez les patients à risque élevé de fracture ostéoporotique. Un autre risque doit alors être pris en compte. Un traitement simultané par les corticoïdes et les bisphosphonates expose en effet les patients à un risque plus important d’ostéonécrose de la mâchoire. Il semblerait donc qu’un effet indésirable puisse en cacher un autre…

Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Actualisation 2014 des recommandations sur la prévention et le traitement de l’ostéoporose cortico-induite. Briot, K. and al. 2014. Revue du rhumatisme.
– Glucocorticoid-induced osteoporosis: Short-term and long-term management. Alder, A.A. and al. 2018. Current Opinion in Endocrine and Metabolic Research 3:38–41.