Meilleure prise en charge de l’ostéoporose grâce aux « filières fractures »

Actualités Actualités patients

Rédigé par Estelle B. et publié le 30 janvier 2021

L’ostéoporose fait partie des engagements forts du plan « ma santé 2022 », car elle constitue un enjeu majeur pour la santé et l’autonomie des séniors. Pour améliorer la prise en charge des fractures ostéoporotiques, ont été créées des « filières fractures » dans plusieurs hôpitaux français, avec l’objectif de réduire le risque de nouvelle fracture et donc de préserver l’autonomie des patients le plus longtemps possible.

Des « filières fractures » contre l’ostéoporose

L’ostéoporose, maladie articulaire liée à la déminéralisation osseuse, est à l’origine de fractures dites ostéoporotiques, qui sont des fractures survenant pour des traumatismes minimes. Ces fractures sont souvent lourdes de conséquences pour les personnes âgées :

  • Une perte d’autonomie, parfois irréversible chez les sujets les plus âgés ;
  • Des comorbidités (pathologies secondaires à la fracture).

La survenue d’une fracture ostéoporotique constitue un facteur de risque de seconde fracture. Considérant que la prise en charge des personnes âgées ayant déjà présenté une fracture ostéoporotique était insuffisante et que la prescription de traitements anti-ostéoporotiques était en baisse, ont été créés dans plusieurs hôpitaux français des « filières fractures ». Ces « filières fractures » sont des parcours de soins spécifiques proposés aux patients.

Un essai clinique pour évaluer leur efficacité

Par exemple, à l’hôpital Cochin, la « filière fractures » est proposée aux patients de plus de 50 ans présentant une fragilité osseuse, caractérisée par une fracture suite à un traumatisme minime. Le patient est alors pris en charge de manière spécifique dès son passage en chirurgie orthopédique. Cette prise en charge s’articule autour de plusieurs axes :

  • Le diagnostic d’une fragilité osseuse (mesure de la densité minérale osseuse, bilans sanguins) ;
  • Une consultation spécialisée ;
  • Un traitement médicamenteux adapté (traitement anti-ostéoporotique) ;
  • Un accompagnement non pharmacologique (prévention des chutes, ateliers d’équilibre, programme sportif).

Récemment, la « filière fractures » de l’hôpital de Lille, active depuis 2016, a été évaluée au cours d’une étude clinique. Cette étude a porté sur 1 224 patients âgés de plus de 50 ans (79,2 % de femmes, âge moyen 76 ans) et ayant eu une fracture suite à un faible traumatisme au cours des douze derniers mois.

Un traitement anti-ostéoporotique poursuivi après deux ans

Au terme de l’étude, 410 fractures ont été recensés chez 380 patients. Près de 90 % de ces fractures étaient majeures avec 44 % de fractures vertébrales, 19 % de fractures de la hanche, 10 % de fractures de l’humérus et 8 % de fractures du pelvis. La quasi-totalité de la cohorte s’est vue proposer un traitement anti-ostéoporotique, correspondant aux recommandations actuellement en vigueur en France, principalement :

Ce traitement anti-ostéoporotique était maintenu chez plus de 80 % des patients après une année et 70 % après deux années.

Les résultats montrent que 8 patients sur 10 sont toujours sous traitement après un an et 7 sur 10 à deux ans. Plusieurs facteurs d’arrêt des médicaments anti-ostéoporotiques ont été identifiés, notamment :

  • Le suivi par un médecin généraliste et non par un médecin spécialisé ;
  • Le changement de traitement anti-ostéoporotique ;
  • La survenue d’effets secondaires ;
  • La non-observance du patient.

Les « filières fractures » constituent donc un accompagnement spécialisé essentiel pour maintenir dans la durée les traitements anti-ostéoporotiques, capables de réduire significativement le risque de fractures et donc la perte d’autonomie des personnes âgées.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Persistence with osteoporosis treatment in patients from the Lille University Hospital Fracture Liaison Service. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Consulté le 25 janvier 2021.