Traiter tous les patients après une fracture liée à l’ostéoporose ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 24 décembre 2023

En 2019, selon l’INSERM, près de 4 millions de personnes étaient touchées par l’ostéoporose, une maladie dégénérative osseuse liée à l’âge. L’évolution de l’ostéoporose conduit à la survenue de fractures parfois graves. Des chercheurs français suivent une cohorte de patients à la suite de la survenue d’une fracture ostéoporotique sévère, recueillant ainsi des données précieuses pour mieux les prendre en charge.

fracture ostéoporose

Ostéoporose et fractures ostéoporotiques

Si la mesure de la densité minérale osseuse est mesurée par ostéodensitométrie pour diagnostiquer l’ostéoporose, le risque de fracture ostéoporotique est évalué par différents outils de calculs, comme le FRAX®, qui prend en compte 12 paramètres, parmi lesquels :

  • La densité minérale osseuse ;
  • L’âge ;
  • Le poids ;
  • La consommation de tabac ;
  • La consommation d’alcool ;
  • La carence en vitamine D ;
  • La carence en calcium ;
  • Les traitements médicamenteux ;
  • Les antécédents personnels ou familiaux de fractures ;
  • Les maladies chroniques associées.

Au cours de son évolution, l’ostéoporose augmente le risque de fractures, appelées des fractures ostéoporotiques. La probabilité qu’une fracture ostéoporotique survienne dans les 10 prochaines années est déterminante dans la décision d’instaurer un traitement contre l’ostéoporose et le choix du traitement le plus adapté.

Une fracture sévère augmente le risque d’une nouvelle fracture

En France, des chercheurs suivent des patients atteints d’ostéoporose et l’évolution de la maladie, en fonction de la survenue des fractures sévères : hanche, bassin, vertèbre, humérus. Ils ont constitué une cohorte de patients, baptisée CROSS pour Conséquences et Risques d’une Ostéoporose Sévère. Les participants sont des sujets de plus de 60 ans, hospitalisés pour une fracture sévère de moins de 3 mois. A ce jour, 895 patients ont été inclus, dont 43,3 % pour une fracture vertébrale, 37,5 % pour une fracture de hanche, 10,3 % pour une fracture du bassin et 11,1 % pour une fracture de l’humérus.

Alors que l’étude de cohorte n’est pas encore terminée, les chercheurs ont présenté les données collectées après 2 ans d’étude lors du dernier congrès de la Société Française de Rhumatologie. D’après leurs résultats, plus de 10 % des participants de la cohorte CROSS récidivent dans les deux ans qui suivent leur hospitalisation. Ces patients présentent des risques augmentés :

  • De mortalité ;
  • De morbidité (survenue d’un nouveau problème de santé) ;
  • De nouvelle fracture.

Traiter après la fracture pour prévenir une autre fracture

Au début de l’étude, près de la moitié des participants présentaient une densité minérale osseuse caractéristique d’une ostéoporose. Si 40 % avaient déjà eu une fracture auparavant, seulement 17,7 % avaient reçu un traitement de l’ostéoporose au cours des cinq dernières années et 21,4 % étaient supplémentés en calcium. Par contre 46,3 % étaient supplémentés en vitamine D. Deux ans après le début de l’étude, seulement environ la moitié des patients ont reçu un traitement anti-ostéoporotique, mais 80 % ont été supplémentés en vitamine D.

D’après les chercheurs menant l’étude, au moins 80 % des patients devraient recevoir un traitement anti-ostéoporotique après une fracture sévère. Les médicaments de première intention les plus prescrits restent les bisphosphonates. D’autres médicaments peuvent être utilisés :

  • Le raloxifène pour les patients à risque faible de fracture ;
  • Le romosozumab indiqué chez les patientes ménopausées de moins de 75 ans atteintes d’ostéoporose sévère, avec un antécédent de fracture sévère et sans antécédent de coronaropathie ;
  • Le tériparatide uniquement pour les patients ayant eu 2 fractures vertébrales.

En deuxième intention, les bisphosphonates peuvent être remplacés par le dénosumab chez les patientes ménopausées à risque élevé de fractures. La correction de la carence en vitamine D et en calcium est un prérequis indispensable avant l’instauration du traitement, de même que la mise en œuvre de plusieurs mesures hygiéno-diététiques.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– 36e Congrès Français de Rhumatologie congres.la-rhumatologie.com. Consulté le 15 décembre 2023.
– Cohorte Cross : conséquences sur les risques d’une ostéoporose sévère. sfr.larhumatologie.fr. Consulté le 15 décembre 2023.
– Les médicaments de l’ostéoporose. EVALUATION DES TECHNOLOGIES DE SANTÉ www.has-sante.fr. Consulté le 15 décembre 2023.