Ostéoporose : zoom sur les premières recommandations nutritionnelles françaises !

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Rédigé par Deborah L. et publié le 6 août 2023

Avec l’allongement de l’espérance de vie, l’ostéoporose représente un véritable enjeu de santé publique. Si le diagnostic précoce s’avère indispensable, la prévention et le traitement au moyen de la nutrition le sont tout autant. Des recommandations nutritionnelles concernant l’ostéoporose ont d’ailleurs été publiées par le Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses et la Société française de rhumatologie. Une première en France. On fait le point.

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La nutrition : alliée de poids dans la prévention et le traitement de l’ostéoporose

Processus naturel de vieillissement des os, l’ostéoporose fragilise la structure osseuse qui perd alors en solidité. Asymptomatique, la perte osseuse n’est bien souvent constatée qu’à la suite d’une fracture survenue au cours d’une chute. On estime que chaque année en France, les fractures ostéoporotiques concernent plus de 340 000 personnes de plus de 50 ans. Et avec l’allongement de l’espérance de vie, c’est dire combien l’ostéoporose représente un véritable enjeu de santé publique.

Si le diagnostic précoce s’avère indispensable, la prévention et le traitement au moyen de la nutrition le sont tout autant. Jusqu’à présent, les patients se voyaient conseiller des mesures hygiéno-diététiques globales avec une alimentation enrichie en lait, yaourt, fromages. Ces conseils sont aujourd’hui complétés par des recommandations nutritionnelles précises qui ont été publiées pour la première fois en France par le Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses et la Société française de rhumatologie.

Sur la base de données de la littérature scientifique et de la pratique quotidienne, un groupe d’experts a sélectionné quinze questions dont découlent quinze recommandations nutritionnelles pour la prévention et le traitement de l’ostéoporose. L’objectif de ces recommandations ? Répondre de façon claire et précise aux interrogations des patients en matière de nutrition pour la prévention et le traitement de l’ostéoporose.

Quelles habitudes alimentaires à privilégier ?

Parmi les recommandations à suivre, citons en premier lieu l’adoption du régime méditerranéen. Également appelé régime crétois, il s’agit d’un mode d’alimentation varié et équilibré et bénéfique pour la santé. Il se caractérise par sa richesse en antioxydants, fibres et oméga-3 essentiels au bon fonctionnement cardiovasculaire et cognitif et fait la part belle aux fruits, légumes, légumineuses, céréales, huile d’olive, produits laitiers (1-2/j) et poissons (la viande étant consommée de façon occasionnelle). Les bénéfices osseux du régime méditerranéen ont d’ailleurs été confirmés par une méta-analyse avec augmentation de la densité minérale osseuse au niveau du rachis lombaire, du col fémoral, de la hanche totale et baisse du risque de fracture de hanche (- 21 %) en cas d’adhésion élevée au régime.

Le groupe d’experts recommande par ailleurs la consommation de deux à trois produits laitiers par jour (lait, yaourt, fromage blanc) ce qui correspond à un apport en calcium équivalent à 1g/jour. Une telle consommation aurait un effet bénéfique sur la densité minérale osseuse (rachis, col fémoral, hanche totale).

À savoir ! Les principales sources alimentaires de calcium sont les produits laitiers, les légumineuses, les fruits à coque (amandes), les fruits de mer, les produits céréaliers et certains légumes (choux, blettes, épinards…). La consommation de fromages doit rester modérée car ces produits sont caloriques et salés et l’excès de sel favorise la fuite urinaire calcique.

S’agissant des eaux minérales riches en calcium (250-300 mg Ca++/L), il faut savoir qu’elles proposent un apport calcique intéressant. Mais les patients devront faire attention au risque d’hypercalciurie liés aux apports sodés. Les experts recommandent donc les eaux minérales riches en calcium si la consommation quotidienne de produits laitiers est insuffisante pour atteindre des niveaux optimaux d’apport calcique chez les patients atteints d’ostéoporose, ou dans le cadre de la prévention de l’ostéoporose.

Il conviendra enfin de veiller à assurer chez l’adulte des apports protéiques suffisants (à raison de 0,83 g/kg/jour) car ils sont bénéfiques à la santé osseuse et musculaire. Les experts préconisent ainsi un apport de 1 à 1,2 g de protéines/kg/jour pour la prévention ou le traitement de l’ostéoporose, après la ménopause et chez les personnes âgées. Les protéines animales de haute qualité, riches en leucine (produits laitiers, viande, poisson, œufs : 20-30 g/repas) devront être privilégiées.

Quelles habitudes alimentaires à éviter et celles ayant un impact osseux non démontré ?

D’un autre côté, le groupe d’experts attire l’attention sur les habitudes alimentaires à éviter, notamment le régime alimentaire occidental, particulièrement déséquilibré. Selon une méta-analyse portant sur plus de 120 000 personnes, ce type de régime réduit la densité minérale osseuse et augmente de 10 % le risque de fracture chez les hommes comparé au régime méditerranéen.

À savoir ! Le régime occidental (ou Western Diet) se définit par un apport important en boissons gazeuses, sucres, céréales raffinées, viande rouge et produits transformés. Il est carencé en fruits, légumes, poissons et produits laitiers.
Les régimes végétalien (végan) et végétarien sont également associés dans certains travaux à une plus faible densité minérale osseuse et à un risque de fracture accru : augmentation de 25 % du risque de fracture de hanche chez les végétariens et augmentation du risque de fracture de 44 % chez les végans. Les experts recommandent donc aux végétariens et végétaliens de mesurer précisément leurs apports calciques quotidiens à l’aide d’un outil de calcul en ligne et d’enrichir leur alimentation quotidienne en calcium pour éviter les carences.

À savoir ! Le régime végétarien exclut les aliments issus de la chair animale, mais pas les produits laitiers et les œufs (contrairement au régime végétalien).
S’agissant des sodas et alcools, leur consommation quotidienne (1 à 2/jour) s’avère néfaste pour la santé osseuse. Elle est associée à une densité minérale osseuse réduite et à un risque accru de fractures et de chutes. Quant aux régimes hypocaloriques, vu qu’ils peuvent provoquer une perte osseuse, ils ne sont pas recommandés chez les personnes n’étant pas en surpoids. Chez les patients en surpoids, le groupe d’experts conseille de surveiller les apports vitamino-calciques et l’activité physique.

Certains aliments présentent enfin un impact osseux non démontré. C’est le cas par exemple du café pour lequel la consommation ne semble pas avoir d’effet délétère osseux à doses modérées (3 tasses/jour). Quant au thé, certaines études récentes semblent en faveur d’un effet bénéfique sur la densité minérale osseuse et la réduction du risque de fracture, en raison de sa composition en polyphénols et catéchines. S’agissant du soja et autres produits à base de soja sources de phytoestrogènes, les études occidentales restent aujourd’hui insuffisantes pour pouvoir se prononcer sur l’intérêt d’une supplémentation en préventif ou curatif.

À savoir ! L’Anses a récemment rappelé que l’apport en phytoœstrogènes (aliments à base de soja comme tonyu, miso, tofu, jus, yaourts, desserts au soja, compléments alimentaires (phytoœstrogènes purs ou extraits de plantes en contenant) et aliments enrichis) doit être mesuré. Il convient en effet de limiter la consommation quotidienne à 1 mg/kg de poids corporel. L’apport en phytoœstrogènes est également déconseillé aux femmes ayant des antécédents personnels ou familiaux de cancer du sein.

Les experts mentionnent enfin les pré et probiotiques, les aliments enrichis en vitamine D, les boissons végétales enrichies ainsi que les substituts hyperprotéinés et suppléments hypercaloriques, pour lesquels il n’existe pas à l’heure actuelle de données scientifiques suffisantes pour recommander leur consommation pour la santé osseuse.

À savoir ! L’utilisation des substituts hyperprotéinés et suppléments hypercaloriques n’est pas recommandée, sauf en cas de dénutrition ou de difficultés d’équilibre nutritionnel.

Déborah L., Dr en Pharmacie

Sources
– Nutrition et ostéoporose : premières recommandations françaises. www.vidal.fr. Consulté le 20 juillet 2023.