Le déclin cognitif lié à la perte osseuse chez les femmes ?

Actualités Actualités patients

Rédigé par Deborah L. et publié le 6 octobre 2021

Problèmes majeurs de santé publique, la perte osseuse et le déclin cognitif entraînent chez les patients une perte d’indépendance et un risque accru de mortalité. Et si le déclin cognitif pouvait aider à prédire le risque de perte osseuse et de fracture chez les femmes ? C’est ce que suggère une étude australienne qui a examiné sur plus de 15 ans des données sur la santé cognitive et osseuse de milliers de patients.

Le déclin cognitif lié à la perte osseuse chez les femmes

Vieillissement de la population et perte d’autonomie

On estime qu’à travers le monde, 200 millions de personnes sont touchées par l’ostéoporose et plus de 35 millions par la démence. Et avec l’allongement de l’espérance de vie, ces chiffres devraient augmenter au cours des deux prochaines décennies !

À savoir ! Un trouble ou déclin cognitif correspond à une altération d’une ou plusieurs fonctions cognitives (mémoire, langage, raisonnement, coordination des mouvements). Il peut être d’origine neurologique, psychiatrique ou médicamenteuse. La démence correspond à un trouble neurocognitif majeur, suffisamment important pour empêcher le patient d’effectuer seul les activités de la vie quotidienne.

Or, la perte osseuse et le déclin cognitif représentent des problèmes majeurs de santé publique. Véritables « maladies silencieuses », elles peuvent passer inaperçues et ne faire l’objet d’aucun traitement pendant de longues périodes, souvent jusqu’à ce que l’état du patient s’aggrave.

À savoir ! La perte osseuse et le déclin cognitif entraînent chez les patients une perte d’indépendance et un risque accru de mortalité.

Il a déjà été démontré par le passé que personnes âgées atteintes de démence ont un risque plus élevé de fractures de la hanche. Mais jusqu’à présent, peu d’études se sont intéressées au lien éventuel entre déclin de la santé osseuse et déclin de la santé cognitive au cours du temps. Dans ce contexte, une équipe de scientifiques australiens a souhaité savoir s’il existait un lien entre la santé osseuse et la santé cognitive à travers une étude menée sur une période de plus de 15 ans.

Lien entre santé des os et déclin cognitif

Pour mener à bien cette recherche, l’équipe du Garvan Institute of Medical Research de Sydney s’est appuyée sur les données de l’Étude canadienne multicentrique sur l’ostéoporose (CaMos). Les chercheurs ont ainsi examiné les mesures de la santé cognitive et osseuse de 1741 femmes et 620 hommes âgés de 65 ans et plus, qui ne présentaient aucun symptôme de déclin cognitif au démarrage de l’étude.

Après ajustement des différentes variables, ils ont ainsi observé les résultats suivants publiés dans le Journal of Bone and Mineral Research :

  • Un lien significatif entre le déclin de la santé cognitive et la perte osseuse chez les femmes.
  • Une association plus faible et non statistiquement significative entre le déclin cognitif et la perte osseuse chez les hommes.
  • Le déclin cognitif au cours des cinq premières années était associé à un risque 1,7 fois plus important de fracture future chez les femmes au cours des 10 années suivantes, indépendamment du niveau de perte osseuse.

Pour l’auteur principal de l’étude, ces résultats suggèrent donc qu’il existe bien chez les femmes un lien entre santé cognitive et santé osseuse.

Vers des recherches plus approfondies

Les résultats de cette étude mettent en lumière l’intérêt d’une nouvelle approche pour aider à identifier les personnes âgées qui peuvent être à risque de fractures : « La cognition devrait être surveillée en même temps que la santé des os, car une baisse de l’une pourrait signifier une baisse de l’autre», explique le professeur Jacqueline Center, auteure principale de l’étude.

Des recherches plus approfondies sur le sujet sont néanmoins nécessaires pour tenter d’élucider le lien de causalité entre ces deux affections. Est-ce le déclin de la fonction cognitive qui entraîne une diminution de la perte osseuse ou inversement ?

En attendant de pouvoir répondre à ces interrogations, les chercheurs émettent l’hypothèse du rôle potentiel d’un troisième facteur dans ce lien de causalité : celui de la carence en œstrogènes. Touchant les femmes ménopausées, il a en effet déjà été associé de façon indépendante à la fois à la perte osseuse et au déclin cognitif ! Pour les auteurs de l’étude, en fournissant des informations précieuses sur le risque de fracture des patients, l’évaluation de la santé cognitive pourrait finalement aider à une meilleure prise en charge des personnes âgées.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Cognitive decline may help predict future fracture risk in women. lien.source.fr. Consulté le 1er octobre 2021.
– Troubles cognitifs et troubles neurocognitifs. has-sante.fr. Consulté le 1er octobre 2021.