Toutes égales face au risque de fractures ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 21 février 2017

L’augmentation du risque de fractures à partir de la ménopause est un phénomène bien connu chez les femmes. Mais sont-elles toutes égales face à ce risque ? Une récente étude s’est intéressée au lien entre l’origine ethnique des femmes et la survenue de fractures.

Fracture origine ethnique égales

Ménopause et risque de fractures

Chez les femmes, à partir de la ménopause, les taux d’hormones sexuelles (en particulier les œstrogènes) diminuent avec l’âge. Plusieurs études précédentes ont relié cette diminution avec une augmentation du risque d’ostéoporose et de fractures. Mais, elles ont été effectuées chez des femmes majoritairement d’origine caucasienne. Est-il possible de transposer ces résultats à l’ensemble de la population féminine ? Récemment, une équipe de recherche a étudié l’impact de l’origine ethnique sur le risque de fracture ostéoporotique chez les femmes.

Entre 1993 et 1998, 93 676 femmes âgées de 50 à 79 ans et ménopausées ont été intégrées dans cette vaste étude. Leurs origines ethniques étaient variées :

  • Caucasienne non-hispanique ;
  • Africaine non-hispanique ;
  • Latino-hispanique (Mexique, Cuba, Porto-Rico, Amérique du Sud, Amérique centrale) ;
  • Asiatique (Chine, Indochine, Corée, Japon, Viêtnam) ou des îles du Pacifique ;
  • Amérindienne.

Outre l’origine ethnique, plusieurs autres données ont été prises en compte :

  • Le niveau d’éducation ;
  • Les conditions de vie ;
  • Les antécédents personnels et familiaux de fractures ;
  • Les antécédents médicaux et les grossesses ;
  • La consommation d’alcool et de tabac ;
  • La pratique d’une activité sportive;
  • L’état de santé global ;
  • Les éventuels régimes alimentaires;
  • Les traitements médicamenteux habituels.

Ces femmes ont été suivies chaque année jusqu’en 2006, en particulier au niveau de la survenue de fractures ostéoporotiques, ainsi que de la mesure des taux d’estradiol, de testostérone et de la protéine de transport des hormones sexuelles. Les fractures qui ne sont pas liées à l’ostéoporose ont été exclues de l’étude.

Un impact de l’origine ethnique ?

Les résultats obtenus au cours de l’étude ont permis de déterminer si le risque de fracture ostéoporotique est lié à l’origine ethnique des femmes. Des taux élevés d’estradiol (>13.3 pg/ml) et de testostérone (>13.3 pg/ml) sont associés à une diminution du risque de fracture (respectivement, de 35 % et de 24 %), par rapport à des taux faibles (<4.89 pg/ml pour l’estradiol et <8.33 pg/ml pour la testostérone). Les taux de ces hormones ne sont pas significativement différents dans les différents groupes ethniques, même si les femmes africaines ont majoritairement des taux plus élevés de testostérone.

Par ailleurs, un taux élevé d’estradiol réduirait le risque de fracture en particulier chez les femmes d’origine caucasienne et africaine, tandis qu’un taux élevé de testostérone diminuerait de 35 % le risque de fracture uniquement chez les femmes d’origine africaine. Les résultats obtenus dans les autres groupes ethniques ne sont pas significatifs.

Sur l’ensemble des femmes, le taux de la protéine de transport des hormones sexuelles n’est significativement pas lié au risque de fracture. En revanche, une augmentation de son taux accroît le risque de fracture chez les femmes africaines, tandis que l’effet inverse est observé chez les femmes d’origine caucasienne. Pour l’instant, les chercheurs ne sont pas capables d’expliquer cette observation.

L’importance des taux d’hormones sexuelles

Les résultats obtenus au cours de cette vaste étude semblent indiquer que l’origine ethnique n’a que peu d’impact sur le risque de fracture ostéoporotique, à l’inverse des taux d’hormones sexuelles.

Les taux d’estradiol et de testostérone constituent ainsi des facteurs déterminants dans l’estimation du risque de fracture ostéoporotique chez les femmes ménopausées, quelle que soit leur origine et indépendamment des autres facteurs de risque (pratique d’une activité sportive, alimentation, tabagisme, etc.). Cependant, les taux hormonaux n’ont été déterminés qu’une seule fois au cours de l’étude, tandis que les fractures ont été recensées sur une période de 8 ans. Un suivi plus précis des dosages hormonaux devrait être réalisé pour mieux comprendre leur influence sur la survenue de fractures ostéoporotiques.

Estelle B., Docteur en Pharmacie


Source :
Caulay, J.A. et al. Sex Steroid Hormones and Fracture in a Multi-ethnic Cohort of Women: The Women’s Health Initiative Study (WHI). 2017. Endocrine Society. Doi: 10.1210/jc.2016-3589.